Point de vue. Le génocide du XXIe siècle

 Point de vue. Le génocide du XXIe siècle

Virginie Nguyen Hoang / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Les migrations sauvages et non contrôlées produisent par suite de laxisme des violations et des génocides dont les « passeurs » en sont les premiers responsables.

On le sait fort bien, les questions migratoires n’ont jamais été définitivement résolues par un État seul, incapable de contrôler et ses propres frontières et les frontières de ses voisins dans la région. Elles ne peuvent l’être non plus, du moins durablement, par deux seuls États au niveau bilatéral, surtout lorsqu’il s’agit de deux États du Sud ayant des régimes politiques différents et qui se suspectent les uns les autres. Ces questions ne peuvent l’être que par un accord négocié par tous les pays des régions concernées, avec la collaboration des instances financières internationales et des représentants autorisés et qualifiés des diverses sociétés civiles, c’est-à-dire les ONG compétentes, qui ont un savoir-faire en matière de migration et de défense des droits de l’homme. Il faut aussi admettre que la dramatisation des questions migratoires par les médias de masse et les réseaux sociaux et la quête du spectacle mortifère n’aident pas beaucoup les Etats à la résolution de ces questions.

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Malheureusement, un nouveau génocide pointe à l’horizon de l’humanité. On peut dire que le génocide du XXIe siècle est en train d’être commis par les « passeurs d’émigrants » sur les émigrants africains subsahariens dans l’impunité totale, « génocide », sans que la communauté internationale et les États daignent s’en occuper sérieusement, en déclarant la guerre, une véritable guerre, à ces criminels modernes, qui spéculent financièrement sur le désespoir puis sur la mort des migrants. Corruption et génocide se conjuguent d’ailleurs en l’espèce pour faire cause commune aux yeux de tous.

L’expérience montre que, lorsqu’on tarde à résoudre ces questions migratoires en pariant sur des calculs machiavéliques contre ses voisins ou sur la dégradation de la situation, notamment pour attirer les bailleurs de fonds, ou pour mettre en porte à faux les pays d’origine des émigrants, cela n’a jamais marché, ni rendu un quelconque service à qui que ce soit. Ces questions risquent de s’enraciner durablement et leur solution devient encore plus ardue, sinon impossible, par les accumulations de problèmes non résolus. Un problème non résolu produit un autre problème, qui, lui-même irrésolu, provoque à son tour un autre problème, et ainsi de suite jusqu’au pourrissement de la situation.

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Ce n’est pas un hasard si le retard mis dans le traitement de ces questions, par essence urgentes, provoque généralement, dans les pays autoritaires comme dans les démocraties, des violations massives des droits de l’homme, des actes de racisme entre peuples voisins ou régionaux et de graves incompréhensions diplomatiques.

En attendant de trouver des solutions durables et définitives, il est toujours possible de négocier à l’échelle régionale ou internationale, par étapes, un échéancier pour essayer d’établir des solutions progressives, pour ne pas laisser se dégrader ces problèmes, nuisibles à la stabilité politique et sociale des Etats concernés et non concernés.

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Hatem M'rad