« Je veux être celui qui porte les attentes de tous ces oubliés de la République », Hammou Hassen, candidat à la primaire des Républicains

 « Je veux être celui qui porte les attentes de tous ces oubliés de la République », Hammou Hassen, candidat à la primaire des Républicains

Hassen Hammou


 


Il n’a que 26 ans et il parle déjà comme un vieux briscard de la politique. Hassen Hammou s’est fait connaître le 6 novembre 2014 lors de l’émission « Face aux Français » sur Tf1 où il était le troisième à interroger le président Hollande. Marseillais pur jus, ancien militant de gauche, il a annoncé en janvier dernier sa candidature à la primaire des Républicains pour la présidentielle de 2017 où il est prêt à affronter les ténors de l'opposition de droite (Sarkozy, Juppé, Le Maire, Bertrand …). Rien que ça ! 


 


Sur le papier, il est jeune, d’origine modeste et est de confession musulmane. Pour ses trois raisons, il n’a, bien entendu, aucune chance de l’emporter, voire même d’y participer. La « qualification » à la primaire ressemble en effet à l’ascension de l’Everest par un unijambiste.


Pour se lancer dans la primaire, il faut obtenir les parrainages de 20 parlementaires ainsi que de 250 élus répartis sur au moins 30 départements, en plus du soutien de 2500 adhérents à jour de leur cotisation répartis sur un minimum de 15 départements … Bref : les petits candidats n'ont aucune chance. 


Le scrutin se déroulera les 20 et 27 novembre 2016. En attendant que le temps passe, Hammou Hassen y croit dur comme fer. Il promet de se battre jusqu’au bout. Il sillonne la France pour tenter de convaincre les élus. 


 


LCDL : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous présenter à la primaire ?


Hammou Hassen : Depuis tout petit, j’ai été attiré par la politique. Après l’émission sur Tf1, les gens m’ont encouragé à continuer, en me disant que mon discours leur avait fait du bien. Et l’idée a fait son chemin. Il n'y a rien de plus de noble que de servir la Nation. 


 


Il y a encore quelques mois, vous étiez proche des communistes. Aujourd’hui, vous êtes candidat à la primaire des Républicains …


C’est vrai mais je tiens à préciser que même si j’ai été, pendant longtemps,  proche du PC, je n’ai jamais été encarté. Même à l’époque, je n’étais pas d’accord avec toutes leurs idées. Déjà en 2012, je commençais à me remettre en question. Pour preuve : à la présidentielle j’ai voté Mélenchon (NDLR : Candidat Front de gauche) au 1er tour et Sarkozy au deuxième tour, aussi bizarre que cela puisse être. Je me suis éloigné du parti communiste parce que j’en avais marre de certaines de leurs pratiques. J’ai compris que des gars comme moi n’y trouveraient jamais leur place. Et puis, je suis contre l’assistanat. Je pense que chacun a une part de responsabilité sur ce qui lui arrive. J’ai choisi les Républicains parce que je partage un certain nombre de leurs valeurs, comme le travail, l’effort, même si je ne suis pas d’accord avec certains hommes politiques de ce parti. 


 


Justement, vous êtes plutôt Sarkozsyte ? Ou Juppéiste ? 


Je me revendique du gaullisme. Donc plutôt proche d’Alain Juppé. Que j’ai contacté d’ailleurs afin qu’il m’aide à recueillir les parrainages nécessaires pour pouvoir me présenter à la primaire. 


 


Et le parti socialiste ? 


Je n’ai jamais été proche du PS. Le parti socialiste à Marseille est bien pire qu’ailleurs : je leur reproche par exemple d’avoir fait du clientélisme à outrance dans les quartiers


 


Comment votre entourage a réagi à l’annonce de votre candidature à la primaire ? 


Plutôt bien. Ils ont vu ça comme un défi. Je leur ai expliqué que j’étais plus utile à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour défendre les valeurs de partage, d’humanisme au sein de ce parti. 


 


Ça voudrait dire que « ces valeurs » là ont du mal à être défendues au sein des Républicains ?


Ce n'est pas aussi simple. Les médias donnent la parole toujours aux mêmes. Je suis en désaccord par exemple avec le discours que tient Nicolas Sarkozy sur l’immigration. Des paroles qui ne rendent pas service à notre pays. Mais je rappelle que ce n’est pas l’ensemble des Républicains qui pensent de cette manière et qu'il serait temps que les médias interrogent d'autres personnes.


 


Quel est votre budget pour vous qualifier à la primaire ?


J'ai une équipe qui s'occupe de récolter des fonds et pour l'instant, nous en sommes à 40 000 euros. Les autres gros candidats misent, eux, sur 1 million d'euros minimum




En quoi votre candidature est-elle différente ?


Mon vécu est différent des autres candidats. J’ai grandi dans les quartiers nord de Marseille. Je veux être celui qui porte les attentes de tous ces oubliés de la République au plus haut niveau. Pour moi, c’est simple : les propositions ne doivent pas venir d'en haut mais du peuple. Les hommes politiques dans leur grande majorité sont déconnectés de la réalité. On peut régler les problèmes à condition d’écouter les gens, sinon on continuera à foncer dans le mur. Je prône également l’équilibre des territoires. Les régions, les villes ne doivent pas être toutes traitées de la même manière.  Chacune doit être considérée avec sa spécificité. 


 


Quelle serait votre première mesure si vous êtes élu président de la République ? 


Je mettrai en place une politique des quotas. Pour que nos institutions soient plus représentatives de la réalité sociologique de notre pays. Et je rétablirai le service militaire, mais pas n’importe lequel. Un service militaire certes obligatoire mais plus souple, en lien avec la vie active des quotidiens.


 


Propos recueillis par Nadir Dendoune

Nadir Dendoune