Temps fort du Festival d’Avignon, la pièce Le Musée, en arabe

 Temps fort du Festival d’Avignon, la pièce Le Musée, en arabe

Une voix qui semble venir des ténèbres fait le récit détaillé d’une attaque terroriste dans un musée d’art contemporain. Photo Christophe Raynaud de Lage

C’est un huis-clos où deux hommes, que tout oppose, confrontent leurs visions du monde et leurs actes dans Le Musée du metteur en scène palestinien Bashar Murkus

Événement artistique majeur, le Festival d’Avignon propose des spectacles innovants et courageux, parfois dérangeants. C’est le cas. Dans un Texte et une mise en scène du palestinien Bashar Murkus, une dramaturgie de Khulood Basel et une scénographie de Majdala Khoury, la pièce Le Musée a vu le jour.

Une scène plongée dans le noir et à travers un filet de lumière rouge commence à se profiler un visage enfiévré. Une voix qui semble venir des ténèbres fait le récit détaillé d’une attaque terroriste dans un musée d’art contemporain. Le bilan est lourd, quarante-neuf enfants et une enseignante sont tués. Le décor est planté !

L’homme qui a commis cet acte, et attend son exécution depuis sept ans, invite l’inspecteur de police qui l’a arrêté à un repas très spécial. C’est le dernier. Les deux hommes se retrouvent donc seuls dans une pièce close. S’engage entre eux un dialogue pour le moins inquiétant. C’est ainsi que le metteur en scène palestinien entreprend de disséquer la violence en remontant à ses origines. Un parallèle se met en place, forcément, entre  la terreur perpétrée par des individus et celle banalisée et intrinsèque aux Systèmes. Bashar Murkus semble exhorter le public à regarder ailleurs qu’habituellement. Une invitation à s’affranchir des normes et des règles. A essayer de voir les choses sous un autre angle.

Le théâtre et l’art peuvent changer les choses

Dans un entretien réalisé par Malika Baaziz, en janvier 2020, Bashar Murkus détaille son approche de l’acte créatif. Selon lui: « la méthode de travail avec le Théâtre Khashabi que nous avons créé en 2015, avec un groupe d’artistes palestiniens, commence par un très long processus de recherches. Nous ne choisissons pas le sujet, précise-t-il, parce qu’il est attirant ou politiquement important, mais parce qu’il nous place dans une zone d’inconfort et de danger ». A propos de la pièce Le Musée, il ajoute : « nous avons d’abord essayé de comprendre ce qu’était le terrorisme. Nous avons remarqué que le mot « terrorisme » était problématique,  car il est marqué négativement. Nous nous sommes donc tournés vers la question de l’extrémisme, du radicalisme et de la signification que nous pouvons donner aux actes d’une personne qui essaie de changer le monde à sa manière ».

Le metteur en scène révèle qu’il fait du théâtre car le théâtre et l’art peuvent changer les choses, selon lui, voire redessiner le monde. Il poursuit son analyse en faisant au passage une introspection, « en plein milieu du processus créatif, je me suis demandé à quel point je serais prêt à utiliser la violence, si je comprenais que le théâtre ne changeait rien. Si ma famille était tuée, si ma maison était détruite et si je n’avais pas de quoi nourrir les miens ». Il finit par reconnaitre qu’il est très difficile de répondre à cette question.

Le Musée, spectacle en arabe, sur-titré en français et en anglais, se produit samedi 24 et dimanche 25 juillet au Festival d’Avignon. A ne pas rater !

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Mishka Gharbi